vendredi 4 novembre 2016

Bête de foire.

04 Novembre 2016 - 21h46 - Foyer de l'Institut des Invalides, Paris.

Me voilà assise devant les pc à disposition du foyer des invalides. A coté de moi un patient et sa famille font un repas, je ne dérange absolument pas, ils ne remarquent pas ma présence, heureusement.

Je ne pensais pas réussir à écrire sur un pc qui ne m'appartient pas, et ce clavier fait du bruit, c'est presque irritant...

Je ne sais pas quoi penser de ma journée, depuis quelques temps les choses se sont améliorées au niveau de ma santé, ma blessure s'est un tout petit peu résorbée, bon c'est infime vu l'ampleur des dégâts, mais au moins ça a poussé la chir à vouloir me faire une chirurgie plus lourde mais qui me permettrait de faire avancer les choses. Pourtant, je ne sais pas j'ai l'impression qu'il y a quelque chose qui cloche...

Ce matin j'ai eu un rendez-vous qui m'a foutue en l'air en fait... Et hier soir les choses ont été déchirantes. Puis cette période de l'année...

J'ai entendu parler de moi tout à l'heure, et j'ai eu l'impression de devoir me justifier concernant ma personnalité, un peu comme si on regardait ces chats qui miaulent en vidéo pendant que leurs maitres leurs grattent le dos... Ils ne savent pas ce qui se passe, ils essaient de manifester un mécontentement ou tout autre chose, et que les humains les regardaient en mode "ooooh il est étrange, c'est drôle ahahaha". Je suis cet animal qui tente d'exprimer ses sentiments sans que le reste du monde ne les comprennent intelligiblement...

Les personnes à coté de moi racontent leurs vies et leurs anecdotes comme si ils étaient au beau milieu de leur salon, ils ne s'occupent de rien, ils sont coupés des étrangers ou du sentiment impersonnel du lieu. Je les envie, j'aimerais pouvoir me cloisonner, me cantonner à la vision réaliste, juste et lucide des choses. Ne plus me laisser envahir par toutes ces émotions que je ne contrôle ni ne comprends pas. J'en parlais avec Clément... 7 mois qu'il est ici et il n'a pas pété un câble. Il m'a dit qu'il se cloisonnait, que c'est surement son expérience dans la marine qui l'a guidé dans cette capacité de cloisonnement. Comme quoi, quand on grandit avec un cadre strict, la vie s'appréhende parfois beaucoup plus facilement.

Mardi... A partir de Mardi je serais complètement alitée pendant 45 jours minimum, et il s'en suivra une remise au fauteuil progressive, une demi heure par jour pendant une semaine, puis une heure pendant une semaine, puis deux etc... J'ai calculé, pour Noël j'aurais normalement droit à deux fois une demi heure dans la journée... Donc pas de permission de sortie.

Il pleut des cordes dehors, ce serait presque apaisant si je n'entendais pas la conversation passionnée de la famille d'à coté. Ils ont un bébé, une petite fille, qui dort paisiblement dans sa poussette.

J'ai envie d'y retourner. La vie dans ce monde est incompréhensible.