dimanche 1 novembre 2015

Dry.

Artiste : Anna Minina
23h46

Il fait froid, et ça fait déjà une heure que j'essaie de trouver le sommeil, demain je me lève de bonne heure, je vais récupérer des affaires encore, que je vais entasser dans un appartement qui n'est pas à moi et dans lequel je ne trouve pas ma place, je vais devoir ranger et trouver une place pour chaque chose, alors que moi même je n'en ai aucune.

J'ai l'impression d'être figée dans le temps, non, dans une réalité qui n'est plus la mienne, plus rien ne m'appartiens, je fais un pas en avant, et je recule de quelques années, j'ai vécu tout un tas de choses, mais malheureusement je ne peut pas en tirer profit, mon corps ne réagit plus comme à son habitude depuis quelques jours, je crois que j'ai tiré un trait définitif sur mon passé, sur ce qui faisait avant partie intégrale de mon être, je change et je le ressent au plus profond de moi.

Je n'arrive plus à vraiment pleurer, et pourtant je sais que j'en ai besoin, j'ai un besoin compulsif d’extérioriser ce qui m'a fait du mal pour ne plus vivre sous le joug de la colère et de la tristesse, je veux ma part de bonheur, et je sais que je n'ai pas a courir après, elle est sous mes yeux, mais ils sont encore trop embrumés pour que je puisse la voir, la toucher, l'agripper et ne plus jamais la laisser partir.

Aucune larme ne coule de mes yeux, habituellement je suis une fontaine lacrymale, mais depuis deux jours, a part une vague sensation de tristesse, je ne ressent pas d'émotions négatives, je sais qu'elles sont là, mais je sais aussi que je les aies tellement enfouies qu'elles ne me quittent plus, et pourtant je veux m'en débarrasser.

Je ne parle pas ici d'oubli, puisque c'est ce qui nous fait changer, de se remémorer ses erreurs, ses faiblesses et ses choix, mais d'exorcisme. La nuit dernière, j'ai du faire face à tout un tas de réalités qui m'ont réellement terrifiées, et je vis sous le joug de cette peur constante, j'ai peur de décevoir les gens que j'aime, j'ai peur d'être déçue, j'ai peur d'être blessée, abandonnée, tout un tas de choses qui font que je me renferme de plus en plus, laissant peu à peu la noirceur des mes idées prendre le dessus sur tout l'espoir que je garde précieusement enfermé.

Un jour quelqu'un m'a dit : Si tu veux réellement ne plus avoir de problèmes d'émotions, de sentimentalisme, n'ai pas peur de faire du mal autour de toi, pense à ton propre bonheur et non pas à celui des autres. J'ai cru bon de suivre ce conseil, et au plus je côtoie cette même personne, au plus je me rend compte de la connerie que c'est, "j'ai fait ça toute ma vie et je continue" mais ce n'est pas vrai. Je peut être une vraie connasse quand je m'y met, et quand je n'aime pas quelqu'un, en général je ne me fait pas prier pour le lui faire remarquer, j'ai un caractère de merde, et quand je décide quelque chose je n'en démords pas, c'est comme ça. Mais putain je reste quelqu'un d'intègre, et je suis clairement incapable de faire volontairement du mal à certaines personnes.

En fait je pense que l'humanité se règle de la sorte : Les dominants et les dominés, il y aura toujours quelqu'un au dessus de vous pour vous manipuler, pour vous faire comprendre que vous n'êtes rien, et par conséquent, il y aura toujours une personne que vous manipulerez, a qui vous ferez comprendre que par rapport à vous, il n'est rien. C'est une loi universelle, le pouvoir amène le pouvoir, et on a beau être animé des meilleures intentions possibles, on a tous fait quelque chose que l'on regrette, on a tous été capable du pire pour arriver a nos fins, par vengeance, par haine, ou même par amour.

Et en ça j'ai peur, comment je peut vivre sereinement en sachant que je vais toujours me prendre un mur, ou que je vais en dresser un sur la route de certaines personnes, comment trouver une sorte de paix intérieure quand tout notre être est rongé entre le bonheur et le malheur? Quand on me dit que je me refuse tout droit au bonheur, dans le fond ce n'est pas faux, parce-que je préfère souffrir que de faire souffrir les autres, même si j'ai déjà fait du mal à beaucoup de gens autour de moi, des gens que j'ai pu aimer par le passé.

C'est n'importe quoi de réfléchir de la sorte, mais ou puiser la force, quand le seul modèle que j'ai n'est pas capable d'être ce qu'il prétend, dire des choses et agir à l'inverse, déjà que je suis quelqu'un de profondément troublé, comment je peut trouver une stabilité là dedans? Je ne me suis jamais reposée sur qui que ce soit, et je crois que je ne le ferait jamais vraiment, je n'ai pas peur de souffrir, mais j'ai peur de perdre tout ce pour quoi je me bat depuis des années et des années.

"Manipulable", non ce n'est pas le terme qui me définit, bien au contraire, même si on a l'impression de me forcer, je me force pour faire les choses, parce-que c'est de compromis que la vie est faite, et que si ce n'est pas moi qui prend sur moi pour en faire, ça tombera sur quelqu'un de plus fragile, ou je ne sais quoi,

Sensible est le mot, quand on me connait, il est horriblement facile de me blesser, je fait preuve de beaucoup de retenue, de patience, quand les gens ne me connaissent pas, il n'y a qu'avec peu de personnes que j'abandonne le masque de monstre pour me montrer telle que je suis réellement, en ça je demande de la part de ces personnes un minimum de respect. Je sais très bien que j'attend trop des gens, et que je prend tout trop à coeur, que je ne devrais pas me sentir mal quand j'entend certaines choses, mais ça fait partie de moi, c'est ce qui fait ma complexité, si les gens préfèrent que je reste le monstre qu'ils ont connu au départ, il ne faut pas me parler de sentiments, non il ne faut pas jouer avec ça.

Je fais partie de ce genre de personne qui a besoin de se sentir aimé, important, irremplaçable, donc forcément, quand je sens qu'au final je ne suis qu'un morceau de viande animé par des impulsions électriques et chimiques, je n'ai plus envie de rien, et je ne me laisse pas aller au bonheur, puisque de toute façon, il n'est pas réellement là. Encore une fois la relation complexe dominé/dominant est omniprésente, dans les relations amicales/fraternelles/amoureuses, il y aura toujours une personne qui se sacrifiera pour l'autre, au dépit de son bonheur réel, il y en aura toujours un qui fera tout pour que l'autre se sente parfaitement bien, et ça passe par le fait de devoir cacher ses émotions pour ne pas blesser, pour ne pas perdre ce qu'on a tissé niveau relationnel, c'est complexe, c'est un travail long, et c'est surtout horrible quand on s'en rend compte, parce qu’au final, cette relation est nécessaire au fonctionnement des liens tissés. C'est comme un aimant, les pôles magnétiques de polarité opposée s'attirent mutuellement et l'un n'existe pas sans l'autre. C'est ce qu'on appelle la fatalité.

Il n'appartient qu'à nous d'être heureux et d'avoir un sentiment de liberté malgré les lois immuables de l'humanité. moi il me faudra de la patience, de la compréhension et surtout énormément d'amour, ce sont les trois choses qui m'ont le plus manqué quand j'ai commencé à comprendre qui je suis réellement. Et j'en ai besoin plus que jamais.

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